Labé
Le jeudi 25 octobre 2012, la ville de Karamoko Alpha mo Labé était sous
haute tensions. Les élèves de la commune urbaine n’ont pas apprécié la
destitution de Mariama Taata Bah
proviseur du lycée Général Lansana Conté. La victime dit que son appartenance à
l’UFDG de Cellou Dalein est la cause de son éviction.
Depuis
des mois la rumeur circulait dans la ville.
De multiples visites auraient été
effectuées chez madame Taata par le directeur préfectoral de l’éducation (DPE)
et l’inspecteur régional de l’éducation (IRE). Dans une interview accordée à
nos confrères du site kaloupresse.com après les incidents, madame Taata
confirme lesdites rumeurs ‘’ les autorités préfectorales m’ont convoqué
plus de 4 fois et la dernière fois, elles se sont rendues dans mon salon pour
exiger à ce que j’adhère au RPG-Arc-en-ciel. Et comme j’ai refusé, l’Inspecteur
régional a confié à ma mère que j’allais subir les conséquences de mon adhésion
à l’UFDG.’’
Du
coté des élèves l’on ne s’est pas fait prier pour se mêler de la guéguerre des
chefs. Très tôt le matin du 25 octobre, les
élèves du lycée général Lansana Conté se rassemblent et entonnent un slogan : « Madame
n’ira pas ». Ils décident aussitôt
de perturber les cours dans les autres établissements publics et privés avec
l’espoir d’obtenir un soutien dans leur lutte.
A 9h
ils arrivent au lycée Hoggo Mbouro. Le
grand établissement se rallie au mouvement sans incidents. Prochaine
étape : le lycée Wouro situé à quelque mètre du stade régional.
Là, la situation dégénère un peu avec quelques jets de pierres. La cause est simple, certains élèves étaient
en pleine évaluation. Dans les rangs des
partisans de la marche, on retrouve Thierno Mamadou Baldé élève de la 11eme science sociale au
lycée Wouro. Il ne cache pas son amertume « nos amies, nos frères doivent comprendre que ce combat nous appartient tous. Peut être demain c’est notre proviseur M. Samba qui
sera visé ».
Entre
temps, une réunion est organisée sur place pour coordonner la marche qui devait
aboutir au siège de la DPE. « Nous
allons partir jusqu’à la DPE pour exprimer notre ras-le-bol pacifiquement. L’école est apolitique, s’il y a des raisons
politiques, ça c’est entre eux. Personne ne peut mettre notre avenir en
jeu », s’exclame un élève en colère. Plus loin, Moussa Conté réagi en ces termes « Les autorités sont
contre la réussite de Labé aux différents examens nationaux» et Binta
Diallo de renchérir « Nous
voulons qu’elle reste ou bien qu’on nous dise les raisons pour lesquelles on
l’enlève».
Quelques
minutes après, nous voici au quartier Kouroula qui abrite la direction
préfectorale de l’éducation. Les lieux sont totalement quadrillés par les
forces de l’ordre armées de gaz lacrymogènes et de matraque. Les élèves
ayant compris qu’ils n’atteindront pas
leur destination commencent à lancer des
pierres et barricadent la route à quelques mètres de la DPE. Les forces de l’ordre font usage de gaz lacrymogènes et de matraques. Sur le champ, on
enregistre quelques blessés légers qui
ont été soignés par la croix rouge. Les élèves se séparent en se promettant de se
retrouver après la fête de Tabaski.
La trêve n’aura été que de courte
durée. Le 29 octobre, les
élèves reprennent les manifestations.
Ils font circuler des SMS dont la teneur suit : chers élèves
de Labé, rendez-vous demain lundi à 8h devant le stade régional pour une marche
pacifique jusqu’à la DPE sans violence ni jet de pierres. Chaque établissement
doit fournir 3 représentants qui porteront notre message : pas de cours à
Labé jusqu’au rétablissement de madame Taata dans ses fonctions.» Les élèves du
lycée Hoggo M’bouro frustrés
par la mutation de leur proviseur Boubacar Taran à Koubia, croisent
ceux du lycée Conté à quelque mètre de l’hôpital. Ils passent par les écoles
privés Yacine Diallo, Bhoundou Gandhal, Saint André pour les faire sortir des
salles afin qu’ils se joignent à la marche.
Comme le premier jour, le face-à-
face avec les gendarmes et policiers conduit à des jets de pierres et gaz
lacrymogènes de part et d’autre. Même l’hôpital dans lequel des élèves ont trouvé refuse ne
sera pas épargné par les gaz lacrymogènes. Les élèves seront finalement
dispersés aux environs de 13h.
Dans la foulée, les manifestants obtiennent le soutien de la
société civile. Ils disent d’ailleurs être déterminés à poursuivre les revendications. Pourtant,
d’autre restent pessimistes notamment ceux des classes de terminales.
Mamadou Saliou Kalan Diallo de la terminale
science sociale au lycée Hoggo M’bouro
« ils doivent faire la part des choses très vite car il ya une
grande probabilité qu’on aille aux législatives au cours de l’année et
cela va se répercuter sur notre programme et en plus ça va jouer sur
notre formation ».
L’implication des autorités à
savoir le préfet, le maire, le gouverneur a permis de trouver dix jours de
trêve qui prendra fin le 13. Pendant cette
période, aucune passation de service ne sera effectuée et l’intérim sera être
assuré par les directeurs des études.
Sally Bilaly Sow depuis Labé
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