mercredi 5 décembre 2012

La politique s’installe dans les écoles



Labé
Le  jeudi 25 octobre 2012,  la ville de Karamoko Alpha mo Labé était sous haute tensions. Les élèves de la commune urbaine n’ont pas apprécié la destitution  de Mariama Taata  Bah proviseur du lycée Général Lansana Conté. La victime dit que son appartenance à l’UFDG de Cellou Dalein est la cause de son éviction.
Depuis des mois la rumeur circulait dans la ville.  De  multiples visites auraient été effectuées chez madame Taata par le directeur préfectoral de l’éducation (DPE) et l’inspecteur régional de l’éducation (IRE). Dans une interview accordée à nos confrères du site kaloupresse.com après les incidents, madame Taata confirme lesdites rumeurs ‘’ les autorités préfectorales m’ont convoqué  plus de 4 fois et la dernière fois, elles se sont rendues dans mon salon pour exiger à ce que j’adhère au RPG-Arc-en-ciel. Et comme j’ai refusé, l’Inspecteur régional a confié à ma mère que j’allais subir les conséquences de mon adhésion à l’UFDG.’’
Du coté des élèves l’on ne s’est pas fait prier pour se mêler de la guéguerre des chefs.  Très tôt le matin du 25 octobre, les élèves du lycée général Lansana Conté se rassemblent  et entonnent un slogan : « Madame n’ira  pas ». Ils décident aussitôt de perturber les cours dans les autres établissements publics et privés avec l’espoir d’obtenir un soutien dans leur lutte.
A 9h ils arrivent au lycée Hoggo Mbouro.  Le grand établissement se rallie au mouvement sans incidents. Prochaine étape : le lycée Wouro  situé à quelque mètre du stade régional.  Là, la situation dégénère un peu  avec quelques  jets de pierres.  La cause est simple, certains élèves étaient en pleine évaluation.  Dans les rangs des partisans de la marche, on retrouve Thierno Mamadou  Baldé élève de la 11eme science sociale au lycée Wouro. Il ne cache pas son amertume  « nos amies, nos frères  doivent comprendre que ce combat  nous appartient tous.  Peut  être demain c’est notre proviseur M. Samba qui sera visé ».
Entre temps, une réunion est organisée sur place pour coordonner la marche qui devait aboutir au siège de la DPE.  « Nous allons partir jusqu’à la DPE pour exprimer notre ras-le-bol pacifiquement.  L’école est apolitique, s’il y a des raisons politiques, ça c’est entre eux. Personne ne peut mettre notre avenir en jeu », s’exclame un élève en colère. Plus loin, Moussa Conté  réagi en ces termes «  Les autorités sont contre la réussite de Labé aux différents examens nationaux»  et Binta  Diallo de renchérir  «  Nous voulons qu’elle reste ou bien qu’on nous dise les raisons pour lesquelles on l’enlève».
Quelques minutes après, nous voici au quartier Kouroula qui abrite la direction préfectorale de l’éducation. Les lieux sont totalement quadrillés par les forces de l’ordre armées de gaz lacrymogènes et de matraque. Les élèves ayant  compris qu’ils n’atteindront pas leur destination commencent  à lancer des pierres et barricadent la route à quelques mètres de la DPE.  Les forces de l’ordre font usage de gaz  lacrymogènes et de matraques. Sur le champ, on enregistre  quelques blessés légers qui ont été soignés par la croix rouge. Les élèves se séparent en se promettant de se retrouver après la fête de Tabaski.  
La trêve n’aura été que de courte durée. Le 29  octobre, les élèves reprennent les manifestations.  Ils font circuler des SMS dont la teneur suit : chers élèves de Labé, rendez-vous demain lundi à 8h devant le stade régional pour une marche pacifique jusqu’à la DPE sans violence ni jet de pierres. Chaque établissement doit fournir 3 représentants qui porteront notre message : pas de cours à Labé jusqu’au rétablissement de madame Taata dans ses fonctions.» Les élèves du lycée Hoggo M’bouro  frustrés par la mutation de leur proviseur Boubacar Taran  à Koubia, croisent ceux du lycée Conté à quelque mètre de l’hôpital. Ils passent par les écoles privés Yacine Diallo, Bhoundou Gandhal, Saint André pour les faire sortir des salles afin qu’ils se joignent à la marche.
Comme le premier jour, le face-à- face avec les gendarmes et policiers conduit à des jets de pierres et gaz lacrymogènes de part et d’autre. Même l’hôpital dans lequel des élèves ont trouvé refuse ne sera pas épargné par les gaz lacrymogènes. Les élèves seront finalement dispersés aux environs de 13h.
Dans la foulée,  les manifestants obtiennent le soutien de la société civile.  Ils disent d’ailleurs être déterminés à poursuivre  les revendications.  Pourtant,  d’autre restent pessimistes notamment ceux des classes de terminales. Mamadou  Saliou Kalan Diallo de la terminale science sociale au lycée Hoggo M’bouro  «  ils doivent faire la part des choses très vite car il ya une grande probabilité qu’on aille aux législatives au cours de l’année et cela va se répercuter sur notre programme et en plus ça va jouer sur notre  formation  ».
L’implication des autorités à savoir le préfet, le maire, le gouverneur a permis de trouver dix jours de trêve qui prendra fin le 13. Pendant  cette période, aucune passation de service ne sera  effectuée et l’intérim sera être assuré par les directeurs des études.

  Sally Bilaly Sow depuis Labé

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