Politique
à l’école
Les troubles survenus dans la commune urbaine de
Labé fin octobre montrent que désormais
en Guinée, la politique s’invite aussi dans les écoles. Le fait est nouveau et
mérite une attention particulière.
Dans cette Guinée où on aime se regarder en ennemi,
on n’hésite donc plus à transporter les sujets politiques dans les
établissements scolaires au grand dam des élèves. Dans la guerre des chefs qui
sévit à Labé, il y a deux clans qui s’affrontent : l’UFDG de Cellou Dalein
Diallo et le RPG-arc-en-ciel, parti au pouvoir. Madame Mariama Taata Bah
proviseur du lycée Général Lansana Conté affirme que si elle a perdu son poste
c’est à cause de son appartenance au parti de Dalein. Un argument balayé d’un
revers de main par les responsables éducatifs de Labé qui parlent de
manipulation.
Quoi qu’il en soit, les élèves (collégiens et
lycéens) sont descendus dans la rue à deux reprises pour se faire entendre. Ils
prétendent que la dame est une bonne
responsable qui ne mérite pas un tel traitement. Qu’ils aient raison ou pas, la
faute vient d’en haut. S’il y a eu affrontement entre forces de police et
jeunes élèves, c’est que le problème a débordé pour se retrouver sur la place
publique.
Il est vrai que depuis que Cellou Dalein Diallo a perdu
le second tour face à Alpha Condé, à l’UFDG on se considère victime à chaque
fois que l’occasion se présente. Certaines personnes en perte de vitesse
peuvent donc exploiter une telle piste pour clamer sur tous les toits qu’elles
sont banalisées dans leurs services, victimes de mutations ou mêmes de renvois
définitifs. Madame Taata a fait une
dizaine d’années à la tête de cette école, le lycée Général Lansana Conté. Dans
l’administration, une nomination ou une affectation ne devraient pas poser
problème. Alors pourquoi ça arrive ?
Là est la question. Si du côté de l’UFDG on accuse
le camp adverse, il convient de signaler qu’au sein du RPG-arc-en-ciel, il y a
des pratiques peu orthodoxes. Lors d’une visite à Labé, le ministre de la
jeunesse Bantama Sow n’a pas hésité de déclarer publiquement que les
responsables de son département dans les régions doivent adhérer au parti au
pouvoir. De tels propos nous revoient au régime de Sékou Touré. Est-ce que le
ministre Ibrahima Kourouma de l’enseignement pré universitaire a donné des
consignes similaires à ses représentants dans les communes et
préfectures ? Difficile de le dire. Ce qui reste claire, c’est que le
harcèlement politique existe et persiste. Parfois on confond administration
publique et parti politique.
Aujourd’hui, il est inconcevable que ces agissements
perdurent. Le ministre Kourouma doit à notre avis siffler la fin de la
recréation. Le multipartisme est prévu par la constitution, l’on est libre
d’avoir un poste au sein de l’administration et appartenir à un parti outre que
celui au pouvoir. Toutes fois, l’on ne
peut tolérer qu’un responsable que quelque bord qu’il soit agisse dans une
école comme représentant d’un parti politique.
Il est donc temps de mettre un terme à la
politisation de l’école. Les élèves doivent pouvoir étudier dans un
environnement débarrassé de toute tension politique. Il convient cependant de
rappeler qu’il est logique qu’on tienne une conférence portant sur un parti
politique dans une école ou une université pour exposer aux uns et aux autres
la vision du parti en question. Merci et à bientôt !
source plumeplus.blogspot.com
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